La famille Arkhé’ Aggelos faisait partie de la noblesse depuis aussi longtemps que les esprits peuvent s’en souvenir.
Arzhel le chef de cette famille était depuis toujours au service armé de son peuple et depuis la guerre contre Zaken, où il s’était plus que distingué, il était au service de son peuple.
Il maniait avec une grande habileté les lames larges typiques de leur peuple ainsi que les fleurets et depuis maintenant de nombreuses années, il était devenu maître d’arme chargé de former l’élite de leur nation.
Partageant sa vie avec sa femme, Issabel, elle aussi s’étant distinguée dans le passé par les armes. Sa spécialité, l’arbalète.
C’est sur les champs de bataille qu’ils s’étaient rencontrés et avaient maintes fois été alliés durant les combats.
Malheureusement, elle n’était plus. Ils avaient été très heureux ensemble mais la guerre et les batailles avaient eu raison de leur bonheur et les avaient séparé.
La douce Issabel avait abandonné les siens une nuit sans lune. Il y avait tout juste deux années qu’elle avait mis a monde leur fille mais la nostalgie des champs de bataille la tiraillait.
Ensemble ils avaient eu Gabryelle leur seule et unique fille mais même cela ne pouvait la réconforter.
Bien qu’elle aima sa fille, elle finit par partir sans un mot, ni une lettre.
Son père lui avait beaucoup parlé de sa mère malgré tout et elle avait une grande affection pour cette femme qu’elle ne connaissait qu’à travers des histoires et des portraits.
Depuis toujours, elle n’avait eu de cesse de ressembler à son père. Quant elle était enfant, elle passait de longues heures à écouter ses récits épiques des grandes batailles auxquelles il avait participé.
Au milieu de tout cela, une des choses qui faisait le plus rêver la petite fille qu’elle avait été, était ces histoires qu’il avait partagé avec ses deux meilleurs amis : un nain du nom de Torin et un elfe, Erich.
Elle avait grandi dans ces valeurs que seul l’honneur avait de l’importance. Mais aussi dans l’idée que la race n’avait que peu d’importance à la différence des actes. Son père, Arzhel, lui avait enseigné que c’était à travers l’épreuve et le combat qu’elle pourrait juger de la valeur d’une personne.
Et c’est dans cette pensée qu’elle avait toujours traité les gens qu’elle avait pu rencontrer malgré le fait qu’elle n’avait jamais quitté son île natale.
Aujourd’hui, alors qu’elle se laissait choir sur son lit, Gabryelle était heureuse. Son père avait toujours le dessus sur elle mais elle le poussait chaque jour un peu plus dans ses retranchements. Elle savait que bientôt l’élève surpasserait le maître.
Depuis qu’elle avait l’âge de tenir une épée, la jeune kamael avait commencé à s’entraîner. Chaque jour, son programme était le même.
Le matin, elle suivait l’enseignement théorique à l’académie kamael qui rassemblait et traitait de nombreux sujets. Les tactiques militaires, l’histoire des territoires et des empires, les traditions de son peuple et les bonnes manières de la noblesse.
Mais l’après-midi, qui était son moment favori, était consacrée à son entraînement physique.
Son père n’était pas présent à chaque fois mais lorsque cela était le cas, ils croisaient le fer jusqu’à tard dans la soirée.
Gabryelle avait très peu de connaissances amicales. Ne sortant que très peu, elle ne côtoyait les jeunes gens de son âge uniquement durant les cours qu’elle suivait le matin.
Son père désireux de la voir aussi s’épanouir dans sa vie sociale, organisait assez souvent des bals et y invitait tout les bons partis de l’île. L’occasion lui permettait de porter une robe tout particulière.
Elle avait appartenu à sa mère et son père la lui avait offerte lorsqu’il avait jugé sa fille en âge de la recevoir.
Nombreux étaient les jeunes hommes à la courtiser durant ces soirées mais elle ne voyait rien et prenait cela pour de la simple sympathie sous le regard amusé de son père. Il se demandait quel serait celui qui réussirait à percer les secrets du cœur de sa si naïve fille. Mais jusqu’à ce jour, aucun n’y était parvenu.
La jeune femme restait impassible aux tentatives de ses prétendants.
Elle se leva un peu plus tard que d’habitude ce jour là, épuisée par l’entraînement qu’elle avait fait avec son père la veille.
Dès son réveil, elle sentit que l’atmosphère était électrique mais personne ne lui souffla mot de ce qui se passait.
Son père ne se présenta pas au petit déjeuner, ce qui la surprit beaucoup car c’était un moment privilégié entre eux mais elle prit sur elle et partit pour l’académie avec les autres.
Lorsqu’elle commença à s’entraîner l’après-midi, toujours aucunes nouvelles de son père.
Elle commençait à s’inquiéter car cela n’augurait rien de bon et elle le savait. La seule chose qui pouvait le faire se comporter ainsi était une annonce de conflit armé.
Leur valet vient interrompre sa séance en début de soirée avec un message de son père qui lui annonçait qu’il devait s’absenter pendant quelques jours mais qu’elle ne devait pas s’inquiéter.
Elle suivit les consignes de son père mais au fur et à mesure que le temps passait, elle ne pouvait s’empêcher de se laisser envahir par le doute, les questions et l’inquiétude.